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  • Julien Plauchut

Rachialgies et cyclisme

La pratique du vélo est souvent conseillée dans le cadre de programmes de rééducation visant les membres inférieurs. Ce sport en décharge, souvent plébiscité par le corps médical, peut toutefois être la cause de douleurs rachidiennes. En effet, le cycliste a une position assise en flexion de tronc qui peut entraîner l’apparition de cervicalgies, de lombalgies ou, dans une moindre mesure de dorsalgies.


Les particularités de cette discipline sont :

-une position identique prolongée avec un bassin fixé sur la selle

- des membres inférieurs ayant un mouvement répétitif cadencé.

Selon Judet et son équipe [1], le corps du cycliste positionné sur le vélo peut être schématisé en trois unités fonctionnelles :

-en avant l’unité directrice correspondant aux membres supérieurs

-en arrière l’unité motrice correspondant aux membres inférieurs

-en position intermédiaire le rachis.

Une qualité qui peut s’avérer également être une source de problèmes est la possibilité de régler un nombre important de paramètres du vélo. En effet, nous verrons dans cet article que le réglage du matériel pourra être à la fois la solution et la cause du problème.

Une mauvaise position sera source de souffrances ou d’inconfort à l’origine de consultations.


LES CERVICALGIES [2]

Le cycliste doit conjuguer deux impératifs tenir son guidon et regarder la route.

La position des membres supérieurs va orienter sa colonne thoracique en flexion alors que le regard va provoquer une hyperlordose cervicale. Cette contradiction peut être à l’origine de douleurs et de paresthésies dans les épaules et les mains.

Ces phénomènes douloureux sont souvent d’origine musculaire à type de contractures diffuses qui peuvent se traduire par des gênes dans le dos, le cou et les épaules.

Dans votre pratique, vous devrez investiguer les muscles latéro-cervicaux, de la base du crâne et de la pince costo-claviculaire.

La position sollicite les muscles sous-occipitaux, SCOM, scalènes, sous-clavier, petit pectoral.

Pour corriger une compensation thoracique vous vérifierez également le muscle grand pectoral et le diaphragme afin de laisser libre le mouvement des scapulas sur un grill thoracique mobile.

Afin de prévenir une récidive il faudra prendre en compte le matériel et son réglage : adressez votre patient à un professionnel reconnu pour son sérieux.

Vous pouvez toutefois lui donner quelques conseils. L’objectif du réglage sera de « redresser » le cycliste. Pour ce faire, il est recommandé de baisser légèrement la selle et de relever le guidon. Ce nouveau réglage diminuera l’hyperextension traumatique du rachis cervical.

Vous conseillerez également à votre patient de changer de position sur son guidon, de privilégier une position haute et de limiter la position au fond du cintre. Le choix d’une potence à « angle ouvert » et plus courte va éviter que le coureur soit couché sur son vélo et permettra de recouvrer une position confortable.



Deux modèles de potences d’après le site « lecyclo.com ».


LES LOMBALGIES [2,3,4]

Comme expliqué en introduction, le verrouillage de l’unité motrice (bassin + membres inférieurs) et de l’unité directrice (membres supérieurs) impose au rachis d’être l’élément d’adaptation. La flexion antérieure maintenue pendant plusieurs heures va effacer la lordose lombaire étirant les muscles érecteurs du rachis.

De plus, le pédalage contre résistance majore la bascule du bassin en rétroversion par la sollicitation des extenseurs de hanche (fessiers + ischios). Ces fortes contractions participent à l’effacement de la lordose lombaire et à la majoration des contraintes discales.

Lors de votre consultation vous veillerez à entretenir la mobilité du rachis et du bassin, ainsi que la souplesse des muscles fessiers et ischio-jambiers.

Vous axerez votre travail sur un renforcement en endurance des muscles spinaux et abdominaux.

Vous conseillerez également à votre patient de se redresser régulièrement sur son vélo, de ne pas hésiter à se mettre en « danseuse », et de privilégier les petits braquets.

Ici encore, le choix du matériel et son réglage doivent faire l’objet d’un avis chez un spécialiste. En effet un cadre, une selle ou des pédales non adaptés vont créer des micro-traumatismes répétés qui, évoluant d’abord à bas bruit, vont provoquer sur le long terme des lésions à l’origine de douleurs.


CONCLUSION

Comme dans d’autres pratiques sportives, un matériel bien choisi et bien réglé associé à des conditions d’entrainement appropriées permettent de limiter les contraintes. Un couple cycliste-machine en harmonie, la pratique régulière d’étirements des muscles rétractés, et le renforcement en endurance des muscles protégeant le rachis permettent la pratique du cyclisme de façon pérenne.

Un dernier conseil toutefois… n’oubliez pas votre casque !!!


BIBLIOGRAPHIE

[1] JUDET, Henri et PORTE, Gérard. Médecine du cyclisme. Masson, 1983.

[2]HADDAD, A., BOYER, T., et FUSTER, J.-M. La pathologie rhumatismale chez le cycliste. L'Actualité rhumatologique, 1998, p. 118-137.

[3]BERTUCCI, William et GRAPPE, Frédéric. Biomécanique du pédalage. Grappe F. Cyclisme et optimisation de la performance: sciences et méthodologie de l'entraînement. 2e édition. De Boeck Université, 2009, p. 195-208.

[4]BELLUYE, Nicolas. Analyse biomécanique du positionnement en cyclisme. 2001. Thèse de doctorat. Bordeaux 1.

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