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Résumé de la mini-formation neurodynamique
Auteur : Laëtitia Rachel Sellem
Formation disponible sur www.infmp.fr
Introduction
Depuis de nombreuses années il est accepté que le tissu nerveux puisse provoquer des douleurs sans aucun signe neurologique. Plusieurs techniques de rééducation telle que les « tensers » (étirement) ou « sliders » (glissement) ont été mises en place au cours des années, mais celles-ci sont limitées. La méthode neurodynamique fondée par le thérapeute Michael Shalshock est une thérapie d’approche globale du tissus nerveux se basant non seulement sur les propriétés mécaniques du nerf, mais également sur ses propriétés physiologiques.
Trois éléments anatomiques sont intégrés :
le tissu neural
l’interface mécanique (disque, os, muscle, foramen)
le tissu innervé.

On retrouve des dysfonctions d’ordre mécanique (tension, compression, glissement) ou physiologique (inflammation, mécanosensibilité, flux sanguin intraneuronal anormal).
Le phénomène de convergence est un mécanisme de protection : lorsqu’on applique une force au niveau d’une articulation, il va y avoir un déplacement du nerf vers cette articulation.

Bien que le tissu nerveux soit une continuité anatomique, il existe des points de tension et de pression différents sur son trajet. Il a été prouvé sur cadavres et in vivo que si on met en tension deux articulations, il y aura plus de tension au niveau de la première articulation mise en tension : on utilise cette propriété afin de mettre en place une séquence neurodynamique progressive et adaptée au patient.
Les tests neurodynamiques
Il existe plusieurs tests neurodynamiques : le test de slump, le test de lasègue, le passive neck flexion (PNF) et les test UNLT pour le membre supérieur. Chacun va posséder une spécificité et sensibilité différente.
Il existe différents mythes à propos de ces tests :
· Si le test déclenche des symptômes, le résultat est anormal
· Si le résultat est anormal, cela veut dire qu’il y a une tension anormale du nerf, donc on réalise des étirements
Il a été prouvé qu’on peut rendre tout nerf mécanosensible si on lui applique une force suffisante : cela signifie qu’un test réalisé sur un nerf sain va provoquer également des symptômes. Sur un nerf non sain, la vitesse de réaction sera plus importante.
Il existe une classification nous permettant de définir si le test est anormal ou non. Il existe plusieurs étapes de réalisation :
Stade 1 : on réalise le test jusqu’à l’apparition des symptômes
Stade 2 : on réalise une manœuvre de différentiation structurelle entre le nerf et les tissus avoisinants. S’il n’y a pas de modification des symptômes, l’origine est musculosquelettique et le test est négatif
Stade 3 : si on a une modification des symptômes le test est positif et implique un mécanisme neurodynamique
Stade 4 : demander au patient si les symptômes font partie de son problème clinique actuel. S’il répond oui, le test est positif ou anormal.
Stade 5 : s’il répond non, on réalise une comparaison avec le côté opposé. Cela peut être soit un test normal, soit un test anormal de manière subtile (amplitude et résistance tissulaire)

Un test anormal ne nous indique pas la cause : il nous faut la rechercher (névrite, trouble au niveau de l’interface mécanique, tumeurs/adénopathie).
Le traitement neurodynamique
Il va être progressif et va dépendre de deux éléments essentiels : le diagnostic du patient et sa douleur.
Il existe un système nous permettant de sélectionner la technique appropriée à chaque patient :
Niveau 0 : contre-indication au traitement (problème très instable, neuropathologie progressive)
Niveau 1 : nerf irritable, on démarre la séquence neurodynamique à distance en réalisant la manœuvre de différenciation structurelle pour ne pas provoquer de symptômes. On arrête la manœuvre dès le début des symptômes : « off switch »
Niveau 2 : réalisation d’un test/d’une séquence standard, le patient n'a pas d'irritation ou de trouble neurologique
Niveau 3 : on teste un trouble difficile à identifier.
-> A : augmentation de la sensibilisation neurodynamique
-> B : séquence neurodynamique débutant localement
-> C : multistructurelle (musculosquelettique et neurale)
-> D : on réalise le test sur le mouvement symptomatique

Il existe différentes catégories diagnostiques :
1. Troubles neuraux :
a. De glissement : amélioration des symptômes quand on ajoute une tension
b. De tension : aggravation des symptômes quand on ajoute une tension
2. Dysfonctions d’interfaces :
a. En ouverture
b. En fermeture : bombement discal, renflement articulaire intervertébral postérieur

Concernant le traitement, celui-ci se fera de manière progressive : tout d’abord on va traiter le trouble physiopathologique du tissu nerveux, puis une fois que le nerf aura développé une meilleure tolérance aux facteurs mécaniques, on va traiter la dysfonction mécanique
Exemple : douleurs sciatiques provoquées en extension vertébrale (fermeture foraminale). On travaille dans un premier temps en ouverture foraminale (flexion, rotation et inclinaison controlatérale, figure 1) afin de diminuer les symptômes et d’améliorer la condition nerveuse, puis on réalise des techniques en fermeture foraminale (figure 2)

Figure 1 (troubles côté gauche)

Figure 2 (troubles côté droit)
Bibliographie :
M. Shacklock, Le concept neurodynamique Partie I : origines et principes de base, Kinesither Rev 2012;(122):17-21
J. De Laère, Thérapie manuelle neurodynamique du bilan diagnostique au traitement manuel, 1ère partie, Profession Kiné (25): 25-33
J. De Laère, Thérapie manuelle neurodynamique du bilan diagnostique au traitement manuel, 2ème partie, Profession Kiné (26): 31-38
M. Shacklock, Le concept neurodynamique Partie II : les tests diagnostiques neurodynamiques, Kinesither Rev 2012;(123):17-23
M. Shacklock, Le concept neurodynamique Partie III : le traitement neurodynamique, Kinesither Rev 2012;(124):11-16
M. Shacklock, Neurodynamique, Kinesither Rev 2012;(121):49-57