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Prévention des chutes chez les personnes âgées : place de la kinésithérapie
Titre original : Sherrington C, Tiedemann A. Physiotherapy in the prevention of falls in older people. J Physiother. (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.jphys.2015.02.011
Auteur : Laëtitia Rachel Sellem
Formatrice INFMP – www.infmp.fr
Introduction
Les chutes chez les personnes âgées représentent un problème majeur, ayant des conséquences importantes sur les patients et leur environnement proche, ainsi que sur les services de santé impliqués. Au moins un tiers des personnes de plus de 65 ans chutent au moins une fois dans l’année : cela a pour conséquences des blessures, une perte de confiance et une diminution des activités fonctionnelles. Les kinésithérapeutes ont un rôle important dans la prévention des chutes : on retrouve un niveau de preuve élevé quand on réalise une rééducation appropriée. Cette étude nous présente un rappel de l’impact des chutes, la base physiologique des chutes, le niveau de preuve de la prévention (focus sur les exercices), les implications pour notre pratique et les futures recherches envisagées.
Comprendre la chute
La chute intervient lorsqu’il y a un décalage entre la fonction physiologique du patient, les attentes de l’environnement et son comportement.
La fonction physiologique
Plusieurs fonctions du corps participent à maintenir le corps en position debout : la vision (observer l’environnement) ; la proprioception ; un temps de réaction approprié (si perturbation) ; force musculaire contre gravité pour garder les jambes en extension + force supérieure pour pouvoir se relever. Le contrôle postural montre la bonne coordination de tous ces facteurs. La vieillesse, certaines pathologies ou les médicaments peuvent interférer avec ces fonctions (perte de force musculaire par exemple). Beaucoup de ces fonctions peuvent être améliorées par la kinésithérapie et de plus, le kinésithérapeute peut établir des stratégies de compensations.
Le contexte environnemental
Il est important de prendre en compte le contexte de la chute : en effet, certaines chutes peuvent se produire dans un environnement difficile chez des patients sportifs par exemple et d’autres dans un environnement simple sans obstacles chez des patients diminués fonctionnellement.
Le comportement du patient
C’est un facteur crucial : les patients décident quelles tâches entreprendre et comment les entreprendre. Cela peut dépendre de la fonction cognitive et du niveau de soutien de l’entourage.
Outils prédictifs de risque de chute
Il en existe plusieurs :
Historique de chute du patient : les causes des chutes précédentes peuvent se reproduire
L’assessment of physical functionning
Quickscreen fall risk assessment tool : teste l’équilibre, la vision et les sensations périphériques, médication et chutes précédentes
Il existe des outils de prévention et d’autres d’évaluation (pour guider la prévention et nos interventions).
Prévention des chûtes
L’exercice
L’exercice dans la prévention des chutes a un niveau de preuve élevé. Il a été prouvé qu’un ensemble d’exercices différents (renforcement, travail postural, flexibilité, endurance, tâches fonctionnelles) performés en groupe diminuait le risque de chutes. Au contraire, le renforcement musculaire seul n’a pas prouvé son efficacité. Le Tai chi permet également de prévenir le risque de chute et de diminuer les chutes. Les exercices posturaux sont de la plus grande importance : diminuer le polygone de sustentation, ne pas s’aider des bras pour se stabiliser, le contrôle des mouvements corporels. Il est important d’inclure les exercices dans les activités de la vie quotidienne des patients.
8 recommandations ont été réalisées :
L’exercice doit travailler l’équilibre de manière modérée à importante
L’exercice doit être réalisé à une dose suffisante pour avoir un effet (2h/semaine minimum)
L’exercice régulier est nécessaire
La prévention des chutes doit être réalisée sur l’ensemble de la population et pas seulement sur la population à risque
Les exercices doivent être réalisés en groupe ou à la maison
On peut inclure une rééducation à la marche mais toujours en addition à un travail de l’équilibre
Un renforcement musculaire doit être réalisé en plus du travail de l’équilibre
Le kinésithérapeute doit renvoyer le patient vers d’autres professionnels de santé afin de traiter l’ensemble des facteurs de risque (vision par exemple)
Interventions ciblées sur un facteur de risque
Il a été prouvé que ces interventions sont bénéfiques sur des facteurs spécifiques (par exemple une diminution des médications si celles-ci augmentent les risques de chute, une opération du pied si douleurs, prise de vitamine D, etc.)
Interventions multifactorielles
Elle est appliquée selon les différents facteurs de risques du patient. Son application est controversée, les résultats des études sont contradictoires. Une approche qui pourrait être intéressante est de commencer la réadaptation par des exercices en kinésithérapie, et au fur à mesure s’intéresser à quelques facteurs de risques pausant le plus problème.
Prévention des fractures
Une densité minérale osseuse faible est un facteur de risque de fractures, il a été prouvé que la prise de médicaments afin d’augmenter la densité minérale était efficace dans la prévention des fractures.
Conclusion
En kinésithérapie, nous pouvons proposer des exercices de rééducation ciblés (équilibre++) en séances de groupe ou programmes à réaliser à la maison : il est important de réaliser une prévention sur l’ensemble de la population et non seulement sur la population à risque. Concernant les facteurs de risque que nous ne pouvons traiter en kinésithérapie, nous devons rediriger les patients vers les interlocuteurs appropriés.