top of page
Rechercher
  • laety92

La kinésithérapie est-elle douloureuse chez les enfants paralysés cérébraux en post-opératoire ?

Titre original : Les séances de masso-kinésithérapie sont-elles douloureuses après chirurgie multi-sites chez l'enfant et l'adolescent atteint de paralysie cérébrale ? V. Jaegle, A. Esteve, S. Payan-Terral, R. Spirito, F. Hareb, E. Desailly. Motricité cérébrale 36 (2015) 129-134


Auteur : Laëtitia Rachel Sellem

Formatrice INFMP - www.infmp.fr



Introduction

La paralysie cérébrale (PC) est "un groupe de troubles permanents de développement du mouvement et de la posture, responsables de limitations d'activité, imputables à des évènements ou atteintes non progressives survenus sur le cerveau en développement du fœtus ou du nourrisson. Les troubles moteurs de la PC sont souvent accompagnés de troubles sensoriels, perceptifs, cognitifs, de la communication et du comportement, par une épilepsie et par des problèmes musculosquelettiques secondaires. Ces enfants souffrants de troubles musculosquelettiques, la chirurgie multi-sites est une modalité de traitement reconnue et efficace : elle combine divers gestes chirurgicaux (allongement, transfert musculaire, correction osseuse) au niveau des membres inférieurs dans le temps d'une seule opération chirurgicale. La rééducation post-opératoire est longue (6 mois) et intensive (5 à 10 séances/semaine). Cette étude s'intéresse aux douleurs que peuvent provoquer cette rééducation et quels sont les moyens possibles afin de les prévenir.


Méthode

Une évaluation de la douleur a été réalisée une fois par semaine chez 34 enfants atteints de paralysie cérébrale sur 170 séances. La douleur a été évaluée selon l'Echelle Visuelle Analogique (EVA) au début et à la fin de chaque séance. Si une douleur était signalée, l'intensité, la localisation et l'acte de kinésithérapie à l'origine de celle-ci ont été recensés.

La séance est considérée douloureuse si la douleur post-séance ou pendant la séance est supérieure à la douleur pré-séance.

Concernant l'intensité de la douleur, celle-ci est considérée comme faible de 0 à 3, modérée de 3 à 5, intense de 5 à 7 et extrêmement intense si >7.



Résultats

Près de la moitié des séances sont douloureuses (49%), dont 12% avec une douleur supérieure ou égale à 4. Les douleurs sont localisées en majorité au genou (34%) et la cuisse (31%). Les techniques de masso-kinésithérapie provoquant la douleur sont la mobilisation (30%), la remise en charge (27%) et les étirements (26%). 56% des mobilisations douloureuses sont en flexion de genou. 70% des séances de kinésithérapie sont douloureuses au 2ème mois post-opératoire.



Discussion

Cette étude confirme l'hypothèse que les séances de kinésithérapie sont douloureuses en post-opératoire : 49% des séances sont douloureuses ce qui est un résultat important. D'autres études récentes ont montré que les séances non post-opératoires étaient douloureuses dans 45% des cas. Les séances en post-opératoires n'augmentent donc pas énormément la prévalence des douleurs. Les étirements sont rapportés comme un évènement douloureux par les parents : cela a été retrouvé dans cette étude (26% des actes douloureux). Malgré le fait qu'il n'y ai pas encore d'étude sur cette technique, celle-ci peut s'avérer nécessaire selon l'acte chirurgical réalisé : on peut retrouver une hypo-extensibilité due à l'immobilisation et l'étirement des muscles ayant bénéficié d'un allongement permet une cicatrisation en course externe. La rééducation est plus douloureuse lors du 2ème mois (70% des séances) car c'est une phase consécutive à la sortie du plâtre. Cette étude présente quelques limites : elle n'était pas réalisée sur toutes les séances mais juste une fois par semaine, de plus l'évaluation de la douleur post-séance peut provoquer des phénomènes de surestimation ou sous estimation. Au vu de la proportion importante de ces douleurs, il serait intéressant de mettre en place des protocoles permettant de mieux gérer la douleur pendant les séances de kinésithérapie :

  • Prise d'antalgique avant la séance

  • Utilisation du mélange MEOPA (oxygène et protoxyde d'azote) lors des actes douloureux (mobilisations et étirements)

  • Distraction

  • Hypno-analgésie

  • Soutien psychologique

13 vues0 commentaire
bottom of page