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Douleurs pelviennes : prise en charge en masso-kinésthérapie
Titre original : Physical Therapy Treatment of Pelvic Pain, Michelle H. Bradley, Ashley Rawlins, C. Anna Brinker
Auteur du résumé : Laëtitia Rachel Sellem Formatrice INFMP: www.infmp.fr
La douleur pelvienne chronique (CPP), en absence de lésion, est la perception d'un stimuli nocif au niveau pelvien, autant chez l'homme que la femme, qui persiste soit de manière intermittente ou continue pendant six mois ou plus. La CPP peut se retrouver dans les cas de dyspareunie, vaginisme, vulvodynie, endométriose, proctatite chronique non bactérienne, syndrome du pyriforme, etc. Elle touche 1 femme sur 4 et entre 2 et 10% des hommes. Elle peut affecter les systèmes nerveux, endocrinien, urinaire, reproductif, gastro-intestinal et immunitaire, ce qui peut compliquer son diagnostic.

La CPP touche également les systèmes musculosquelettiques et neuromusculaires au niveau de la région de la hanche et pelvienne, ce qui donne au masso-kinésithérapeute un rôle central dans la prise en charge de ces patients.
Kinésithérapie et plancher pelvien Le plancher pelvien a pour rôles de supporter les viscères, de permettre la contenance et l'élimination des déchets, de permettre la fonction sexuelle et natale ainsi que d'apporter une stabilité dynamique du tronc et des hanches pour l'équilibre et la déambulation. Rééducation masso-kinésithérapique Le soignant doit réaliser un bilan global du patient, ainsi qu'un bilan postural et de l'équilibre. Un bilan des muscles pelviens est également réalisé. Les muscles peuvent être soit hyperactifs (peu de flexibilité, faiblesse due à son incapacité au relâchement), hypoactifs (affaibli, élongation augmentée, pauvre support du plancher pelvien, non douloureux) ou une combinaison des deux (usuellement court et suractivé, faiblesse quand restauré en position normale). Il est essentiel de ne pas réaliser des contractions de l'élévateur de l'anus (Kegel) de manière automatique car cela pourrait empirer les symptômes : il faut tout d'abord identifier la condition musculaire. Les objectifs sont ainsi de réguler la douleur, corriger les désordres musculosquelettiques et posturaux (restaurer la flexibilité et longueur musculaire afin de provoquer un relâchement).

La rééducation posturale
Les postures typiques sont une cyphose thoracique et lordose lombaire exacerbés, une bascule antérieure du bassin et une rotation externe des hanches. Il faut restaurer la longueur des muscles raccourcis (carré des lombes, extenseurs lombaires, rotateurs de hanche, adducteurs, fléchisseurs et extenseurs de hanche, ischio-jambiers et même les fléchisseurs plantaires).
Biofeedback
Il existe une multitude d'appareils de biofeedback, même portatifs, qui peuvent être utilisés à domicile. On peut l'utiliser pour constater comment les muscles se relâchent et pas seulement pour le renforcement musculaire (qui pourrait exacerber les symptômes). Il est conseillé d'utiliser le biofeedback en adjuvant d'autres techniques de rééducation. Thérapie manuelle, relâchement myiofascial et massage des trigger points La mobilisation du tissus mou et myofascial améliore la circulation, restaure l'intégrité tissulaire, diminue l'ischémie et la tension neurale périphérique (sur le trajet du nerf pudendal par exemple). Le dry needling peut être réalisé pour désactiver les trigger points. Exercice thérapeutique Il est inclus dans la rééducation mais cible des muscles spécifiques afin d'obtenir une posture équilibrée sans exacerber l'hyperactivité musculaire pelvienne.
Désensitisation Afin de diminuer la sensitisation du système nerveux, certaines techniques peuvent être utilisées comme le toucher doux, des techniques d'imagerie motrice et de la relaxation ou méditation. Il faut intégrer ces techniques de manière progressive, en commençant par de la visualisation, pour améliorer la tolérance au toucher dans la région douloureuse. Dysfonction sexuelle Il faut créer une relation de confiance et de support émotionnel avec le patient. Le kinésithérapeute aura pour objectifs de désensitiser les tissus mous, normaliser l'activité musculaire, améliorer la discrimination et le relâchement musculaire, améliorer l'élasticité du tissus, réduire la peur associée à la pénétration vaginale et référer à une thérapie sexuelle. Plusieurs techniques sont disponibles comme le massage de Thiele, massage cicatriciel et thérapie dilatatrice pour étirer les muscles pelviens superficiels et profonds.
Changements de mode de vie
On peut recommander au patient une activité physique comme la marche ou cardiovasculaire afin de réduire les douleurs chroniques (libération d'endorphines). On peut également conseiller des changements d'exercices, d'alimentation (diminuer la caféine, augmenter les apports hydriques). Conclusion Il existe de nombreuses techniques efficaces de rééducation afin de prendre en charge les CPP. Normaliser la fonction musculaire est le point clé de cette prise en charge. Le masso-kinésithérapeute est un acteur clé pour soulager ces douleurs chroniques.